Ultra-trail Tai Mo Shan YTF – Hong-Kong

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J’ai pu assister au départ de l’ultra-trail Tai Mo Shan la veille de ma course, c’était épatant que le départ se fasse dans le centre même de Hong-Kong pour trouver autant de dénivelé par la suite. J’ai pu m’en rendre compte le lendemain sur ma course de 50K le “YTF” (Yuen Long, Ta Shek Wu, Fo Tan). A l’inverse de la France, les gens ne sont pas stressés au ressenti, c’est calme et posé. On sentait malgré cet état de zénitude, qu’il y avait une organisation derrière. Le live, le balisage, les points de contrôle, tout était au rendez-vous. 

Le 5 janvier dernier, j’ai pu me rendre à Tai Tong pour le départ de la course à 9h avec Gediminas Grinius et Hiroaki Matsunaga. Le but était de relier ce point à Shan Mei Street Playground dans Fo Tan. Le profil de la course (voir en fin de page) n’était pas impressionnant malgré 50k et 3600 de dénivelé positif sur le papier.  Il suffisait de gérer une première partie hachée de « up and down » pour enchainer derrière avec 4 belles bosses entre 400+ et 700+. Au final, lors de la course, je me suis rendu compte que la première partie était bien la plus difficile. 

Le départ fut prudent malgré tout et je me suis retrouvé rapidement avec Gediminas pour cette succession de montées / descentes sur un terrain mixant marches creusées ou naturelles avec descentes en ornières avec quelques cailloux. On ne montait pas vraiment haut en altitude ce qui nous empêchait de voir les premiers points de vue. Mais la végétation m’occupait malgré tout. Ce changement radical de terrain était très plaisant. Ce climat et cette végétation m’ont complètement fait oublier l’immensité de la ville à deux pas.

J’ai senti que j’avais puisé sur cette première partie de course. Je commençais à avoir sommeil, à être plus faible d’un coup et à mal gérer mes montées contrairement à mon départ de course. J’étais arrivé 48h avant la course, sans dormir pendant mon vol, j’étais en train de le payer malgré moi. En ressortant de cette première zone de course, j’ai pu voir un sacré panorama, l’immensité de la ville et surtout des montagnes autour de moi. C’était une première vision différente de Hong-Kong, et je n’étais jamais arrivé à m’imaginer ça. Parfois, de regarder ces points de vue me faisait zapper un peu ma fatigue. 

Au premier point de contrôle soit à 12,5k à Fung Kat Heung, je n’étais pas au top de ma forme, mais il fallait gérer au maximum pour les 4 enchainements à venir. Pendant la course, l’envie d’arrêter était présente à chaque point de passage mais lorsque je voyais l’ambiance sur les points de ravitaillements, les gens attentionnés envers moi, les regards bienveillants, c’était impossible et inacceptable de rendre mon dossard. Au CP1, j’ai essayé de gagner du temps sans m’arrêter car j’avais encore le sac bien rempli. C’était le début de la période la plus difficile en course, mais la plus belle et la plus variée pour mes yeux. 

La montée jusqu’à Kai Kung Leng a finalement été gérée pour ne pas être dans un enfer derrière. C’est ici, pour la première fois, que l’on peut voir la grandeur de cet espace vert de Hong Kong mais aussi de l’immensité de la ville avec tous ses buildings. Gediminas est revenu sur moi au 2/3 de la montée. La montée totale était de 590 métrés de dénivelé positif, pour ensuite basculer direct sur Ta Shek Wu, au pied de la deuxième longue ascension. La descente n’était pas forcément technique avec toujours ce mix de marches en sable tassé et des sentiers exigus avec quelques passages dans des herbes hautes.

Au pied de la montée menant à Tai To Yan, j’étais vraiment fatigué et j’accusais le coup. Je suis monté à un rythme très lent. La montée était similaire en difficultés à la première mais bien plus dure vis à vis de mon état de fatigue. Sur les sentiers, nous croisons beaucoup de petites tombes ce qui fait aussi la particularité des chemins ici. Sur le MacLehose Trail que je ferai deux jours plus tard, j’ai rencontré la même chose. Elles sont construites d’une certaine manière, en respectant beaucoup de traditions. De mon coté, je n’étais pas en train de construire la mienne mais j’étais exténué et totalement jetlagué. 

Juste avant le deuxième point de passage, Hiroaki est revenu sur moi, sur une partie de route. A noter qu’il doit y avoir 5% de bitume sur ce 50K, contrairement à ce que je m’étais imaginé. Je venais de faire la moitié de la course et il me manquait encore 2 bosses à gravir et surtout, la plus haute en dénivelé. J’étais totalement cramé, j’ai donc pris mon temps sur ce ravitaillement et demandant les informations aux bénévoles et représentants de la course. Hiroaki n’a pas tardé à partir, de mon côté j’ai pris mon temps. Je suis parti sans grand espoir sur ma forme mais je voulais à tout prix connaitre la suite du parcours. 

La montée jusqu’à Sze Fong Shan fut très longue. J’étais épuisé lorsque je passais chaque marche. Pendant cette montée, je me suis posé trois fois dix minutes pour faire des micro-siestes. Ca allait mieux sur quelques minutes mais revenait ce même état de fatigue. Sur les parties de relances, je faisais l’effort pour ne pas perdre encore plus de temps, les descentes passaient mieux. Une fois en haut de la bosse culminant à 780m, la descente fut ludique. On était dans la jungle, avec des descentes techniques, fines, sans bien voir où mettre les pieds et très inclinés. C’était top ! C’était radical et ça changeait du tout au tout. Malgré la fatigue et l’envie de dormir, je kiffais ce trail. J’étais au delà de ma zone de confort mais dans un environnement qui me faisait penser à autre chose. C’était un sacré jardinage parfois avec la peur de me perdre mais pas une seule fois c’est arrivé. Des branches basses, des relances difficiles à courir, de courtes rivières à passer, des forets, c’était génial. Pour finir avec une magnifique foret de bambous. J’avais l’appréhension de croiser des serpents, jamais je n’en ai vu. 

Au dernier point de ravitaillement, avant la dernière bosse, je savais que ça revenait sur moi et je voulais à tout prix garder ce podium accessible si je faisais le job. Après mon passage à  Wun Yiu (CP3), j’avais une avance de 3 minutes max, j’ai essayé de mettre ce qu’il restait dans la montée pour faire ensuite avec les moyens du bord dans la dernière descente. La montée était moins longue que la précédente, ça sentait l’écurie, il fallait jouer jusqu’au bout. Le début de l’ascension jusqu’à Grassy Hill s’est bien gérée sans basculer dans la zone rouge. Mais la fin fut difficile où je me retournais pas mal pour voir si ça revenait. Personne en bas, à la bascule, j’ai fait l’effort d’avoir une stature à peu près potable pour bien finir en essayant de me relâcher comme je pouvais. J’ai eu des débuts de contractures/crampes sur les derniers enchainements de marches bitumées ou en pierre. En se relâchant l’esprit et ce qu’il faisait penser à une foulée, les tensions disparaissaient un peu. 

La fin sur Fo Tan était en bitume, c’était plus facile de se relâcher et de mettre les dernières forces en place. C’est en arrivant en ville que je me suis encore plus rendu compte de ce coté nature qu’offre Hong-Kong. C’était dingue de se dire qu’en moins d’un kilomètre, il est possible d’être dans un environnement qui vous fait totalement zapper la ville. Ces deux facettes sont totalement aux antipodes et c’est aussi ce qui fait le charme de la ville. En profitant de ces pensées, j’ai pu finir rapidement, sans être obnubilé sur ma place et conforté malgré tout mon classement. 

J’ai pu être accueilli par Gediminas et Hiroaki de façon très amicale. En plus d’un espace merveilleux, j’ai pu rencontrer de belles personnes, coureurs, accompagnateurs et organisateurs. Malgré un état de forme compliqué dû au voyage et à une arrivée trop tardive, ce trail m’a fait grandir et voir les choses autrement. L’esprit qui s’y dégage fait relativiser et fait vivre vos pensées autrement. Les quelques jours que j’ai vécu derrière, entre rando, sortie bike et visites, ont confirmé cela. Et j’espère garder ce flow et l’utiliser ici en France. 

Je reviendrai dans un second temps sur les environs de Hong-Kong avec le Mac LeHose trail (classé parmi les 20 plus beaux sentiers par National Geographic) mais aussi sur le coté opposé avec une visite dans le centre meme en passant par le Ladies market. 

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