Cruel Summer

L’été est la période propice aux trails les plus reconnus, la période que l’on apprécie toujours car le travail hivernal a été dur et ingrat. Cette année, ce fut l’inverse pour moi. Depuis l’arrivée de ma petite princesse, les premiers mois se sont enchaînés avec quelques courses et quelques résultats à la clé. Avec la ferveur et la fatigue qui ne s’était pas encore installée, la forme était irréprochable. Les entraînements s’enchaînaient les uns après les autres sans douleur, juste avec le goût de sang dans la gorge et l’envie se remettre des races rapidement. J’ai voulu tester tous les terrains de jeu et toutes les allures. Sauf qu’un jour, tout se paye. La vie est ainsi.   Ma vie a changé avec cet exceptionnel événement. Mon état de forme aussi. Je suis loin de regretter quoique se soit, bien au contraire. J’aime apprendre que ce soit dans la vie que dans la course à pieds. J’ai découvert de nouvelles choses, de nouveaux états mais surtout du bonheur. Même avec des cernes et les yeux qui collent, son simple petit sourire  me permet de relativiser et de voir plus loin.   Après la déception de cet été sur la 6000D et la CCC, je ressors de là plus fort malgré tout. A froid, les choses sont plus simples et plus faciles à travailler. Notre périple au Québec m’a permis aussi d’élargir mon champ de vision et de voir où sont mes priorités dans la vie. Famille, passion, travail, quelles sont les priorités ? Se lever entre 5 et 6h, s’astiquer la courge sur des séances plus ou moins dures, boire vite fait un café à la maison en transition pour attaquer le boulot de 10 à 19 et repartir le soir, toujours en courant, pour profiter de sa famille un minimum avec une fatigue qui s’accumule… C’était voué à l’échec forcément. Le corps a ses limites et surtout son esprit.   Maintenant avec de la méditation simple et une autre façon de voir les choses, le corps et le mental veulent repartir et revivre ces moments exceptionnels que j’ai pu avoir et admirer.         Je suis heureux de ce que j’ai pu connaître depuis 5 ans, depuis la première fois où j’ai mis des baskets pour  courir alors que je faisais 20kg de plus. Mais je ne suis pas assez conquis. Le monde nous appelle pour de nouvelles découvertes et histoires avec ma petite famille. Pour vivre encore des étapes magiques et difficiles. Je ne regarde plus mes pieds avec un teint blafard, mais plutôt droit devant avec un regard déterminé.  

Crédit photo Vincent Lyky